samedi 28 novembre 2015



Un article de Sud-Ouest, sur le Nicolas Charlet "Yves Klein, La Sculpture et le vide".

Une oeuvre monochrome.
Sud Ouest. Pau. NICOLAS REBIÈRE

Pourquoi Yves Klein ? C'est la question que l'on a tout de suite envie de poser à Nicolas Charlet. Le Palois, titulaire de la chaire mécénat d'entreprise à l'École supérieure de commerce (ESC) de Pau, a en effet une double vie. Quand il n'est pas ce prof dans une école de commerce, il est un des spécialistes français de l'oeuvre du plasticien d'avant-garde des années 50. Déjà six livres écrits sur Klein, la plupart dans une autre vie, et il vient pourtant d'en publier un septième (1), qui lui a valu les honneurs de France Inter, voilà un peu plus d'un mois. " Il y a vingt ans, quand j'attaquais ma thèse d'histoire de l'art à la Sorbonne, je cherchais un sujet à tiroirs, assez vaste. J'ai trouvé les écrits d'Yves Klein, que l'on connaissait surtout comme peintre. J'ai voulu m'intéresser à tout ce qui était marginal dans son oeuvre, derrière les monochromes. Et j'ai découvert un artiste univers, un peu comme Marcel Duchamp. Champ vaste. Bonne pioche, le sujet s'est révélé inépuisable, même si Yves Klein fut une comète dans le monde de l'art, elle brillera encore pour longtemps. Mort jeune, il a pourtant laissé une oeuvre immense de 2 000 pièces, bâtie en huit ans à peine : des monochromes à ce bleu IKB qu'il a lui même inventé; des " pinceaux vivants ", ces femmes nues qu'il projetait sur les toiles, aux sculptures moins connues mais pas moins significatives." Avec Klein, il peut y avoir des approches esthétiques, bien sûr, mais aussi philosophiques et spirituelles ", résume Nicolas Charlet, qui aura passé sa jeunesse en compagnie du peintre. Son travail universitaire sera reconnu au point de publier un premier livre chez la prestigieuse maison Adam Biro, sobrement intitulé " Yves Klein ", mais richement illustré. Un succès dans sa catégorie, qui vaudra même des traductions à l'étranger et de belles ventes aux États-Unis. Une page tournée, Nicolas Charlet est lancé. Sa rencontre avec le critique d'art Pierre Restany au crépuscule de sa vie, l'amitié qui en naît gardera le jeune auteur tout près de l'oeuvre de Klein. Restany avait, en effet, été un des tout proches du peintre, transcendant littérairement son oeuvre." Ils formaient un duo parfait, entre l'hypersensible et l'intellectuel. Ma rencontre avec Pierre Restany sera essentielle. "Outre la thèse sur les écrits d'Yves Klein, six autres livres suivront, notamment sur le bleu Klein. Fatalement. Puis l'artiste sortira de la vie du jeune universitaire. En 2009, à son retour de la Villa Médicis où il était en résidence pour ses travaux universitaires, le voilà qui débarque à Pau, comme directeur artistique de l'association Accès(s). La structure, hébergée aux anciens abattoirs de Billère, programme un festival d'art contemporain exigeant, et organise des manifestations audacieuses." À ce moment-là, j'ai tourné la page Yves Klein ", explique Nicolas Charlet. On le retrouvera ensuite éphémère chargé de communication de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI), avant de rejoindre l'École supérieure de commerce et d'y créer la chaire sur le mécénat d'entreprise, une " oeuvre " démarrée à la Chambre de commerce. Il lance aussi le portail Mécèn'Aquitaine, qui met en lien les artistes contemporains et des chefs d'entreprises qui souhaitent soutenir la création. Mais Yves Klein n'est jamais loin. Fin 2014, Nicolas Charlet relit son livre qui traitait des sculptures. " Je l'ai trouvé inachevé, j'ai voulu le refaire, il faut une certaine humilité pour cela. "Sa rencontre au festival Poésie dans les Chais avec Dimitri Vazemsky, aux éditions Nuit Myrtide, va précipiter le projet. " Je voulais un livre beau, pas forcément à gros tirage. "En juin dernier sortait donc " Yves Klein, la sculpture et le vide ", comme une dernière touche à une oeuvre monochrome. Mais pas monomaniaque : dans une autre vie encore, Nicolas Charlet a aussi écrit d'autres livres, des poésies et de la littérature.(1) " Yves Klein, la sculpture et le vide ", éditions Nuit Myrtide, 18 euros, nuitmyrtide.blogspot.fr © 2015 Sud Ouest. Tous droits réservés.

Yves Klein, La Sculpture et le vide de Nicolas Charlet : disponible ici

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