lundi 20 juin 2011

Havre des Pas, dimitri vazemsky.

Alors toute une série de commentaires venus de Libfly,... une communauté de lecteurs en lisière du monde géographique, parlant un langage d'écran dans l'impalpable forêt d'Outernet.

leiloona
27/04/11
Havre des pas
Havre des pas ou quand l'objet-livre est aussi beau que le contenu. Une couverture que l'on touche, un livre que l'on aime avant même de l'avoir ouvert. Et puis, une fois qu'il cède à notre tentation, voici que l'on découvre un tout nouvel univers.Et on plonge directement dans les pas laissés par le poète, car ce livre est avant tout un immense poème en prose. On se balade avec notre guide. Celui-ci, bien décidé à partir sur les pas de Victor Hugo, n'a qu'une idée en tête : découvrir Guernesey.Après quelques aléas, il découvrira cette terre d'asile, cette terre d'exil que Hugo a connue autrefois. Une terre qui lui a aussi servi de muse, d'inspiratrice.Ensuite, le poète continuera sa route, toujours dans les pas de Victor Hugo. Et ce, jusqu'à la dernière demeure du poète. Raconté ainsi, l'histoire n'a pas vraiment de saveur. Pourtant, quand on ouvre Havre des pas, on est immergé dans un bain poétique des plus réussis.On goûte chaque parcelle du récit qui se déroule sous nos yeux.Parfois, à la manière du ressac, le style est bref, coupant, acéré. Puis, vient l'accalmie. Des phrases plus longues, qui prennent de l'ampleur, avant de s'écraser de nouveau sur une des roches placées là. A moins que ce ne soit la barrière de la page qui les ait obligées à s'arrêter net.Parfois quelques jeux de mots ont glissé de la plume du poète, décochant au lecteur un sourire complice. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un coup de coeur en poésie. La plume de monsieur Vazemsky m'a émue et m'a emportée loin, un peu ivre dans les pas laissés par le poète.Ivre des pas. Splendide.

sovane
13/04/11
Havre des pas
Lorsqu’ « Un éditeur se livre » et vous adresse par la poste un petit ouvrage dont le titre, la couverture, le format et le papier vous invitent déjà au voyage…Lorsque le livre en question parvient à vous captiver pour le reste de la journée et jusque tard dans la nuit, et que déjà vous guettez le suivant dans votre boite au lettre…« Havre des pas » est un carnet de bord, un récit de voyage mental autours de la vie et de l’œuvre de Victor Hugo. Tout commence par un départ sans cesse retardé, celui du narrateur qui, écrivain lui-même, couche son voyage sur papier. Réflexions sur l’écriture et le voyage comme quête d’un ailleurs qui nous guide, à travers les paysages, au plus profond de nous-mêmes. La langue un peu maniérée du narrateur, qui enfile les adjectifs comme les perles d’un collier, à faillit me rebuter au début, mais j’ai compris par la suite tout l’intérêt de la démarche de l’auteur, dont le style à la fois « houleux » et poétique s’épanouit à mesure que l’on tourne les pages. Comme chez Camus l’effet de miroir fait du lecteur son propre juge, un peu agacé par ce personnage égocentrique à l’écriture truffée de clichés, il se découvre peu à peu dans ce portrait en creux qui met la vanité humaine à l’épreuve des vents … et devient finalement plein d’affection pour cet homme et sa sincérité.Dimitri Vazemsky saisit « le moment ou s’arrête la volonté et commence l’attente », sa route suit, à rebours, celle du dernier lieu d’exil de Victor Hugo, Guernesey. Arrivé à proximité de l’île le narrateur voit sa traversée sans cesse repoussée, par les conditions climatiques, par sa propre négligence, ou désinvolture. Visitant la grande bâtisse avec lui nous sommes captivés par les bandeaux, frises de mots qui ourlent tableaux, mobiliers ou fenêtres. Suivant les traces de l’exilé au fil des pages, rêvant au mystérieux village, au fin fond de l’Inde, où Victor Hugo est vénéré, on s’évade dans ce livre comme dans un songe, voyage de l’esprit contre l’inertie des corps.


johangrz
12/04/11
Havre des pas
Pour qui aime les livres et est un tant soit peu curieux c'est une belle opportunité que celle que nous offrent Libfly et les éditions Nuit Myrtide. Comment en effet ne pas se plier de bonne guerre à cette expérience qui consiste à faire amples connaissances avec une maison d'édition en découvrant, pas après pas, une partie de son catalogue ?C'est ainsi qu'en fin de semaine dernière je reçois mon premier volume des éditions Nuit Myrtide. L'enveloppe à bulles que le facteur est parvenu à faire passer par ma boîte aux lettres empêche d'ouvrir complètement la porte, ça coince. Visiblement c’est du costaud... Je déballe et ça se confirme : Dimitri Vazemsky, Havre des pas (Nuit Myrtide, 2005) est un fort volume d'aspect robuste. 16/16 cm pour une épaisseur de deux bons centimètres. Certes ça parle moins que le nombre de pages mais celles-ci n'étant pas numérotées, contentez-vous de me croire sur parole quand je vous dis que ça en fait quelques-unes. C'est important la forme d'un livre, son aspect. En l'occurrence celui-ci s'ouvre tout en souplesse et son papier est agréable au touché. A la manière du livre se positionnant naturellement entre mes mains, je m'installe dans mon vieux fauteuil au fond si agréablement défoncé, et c'est parti... Et il s'agit bien de partir ! De larguer les amarres et de mettre ses pas dans celui du narrateur, sans juger ni préjuger, pour le simple plaisir de constater où et surtout comment il va nous mener à bon port. Havre des pas est un road-book, un récit de voyage. C'est tout au moins ainsi qu'il se présente au premier abord. Avant d'admettre, au détour d'une page, qu'il s'agira plus d'un "voyage de l'esprit" que d'un périple géographiquement déterminé.Ce qui n'empêche pas d'en passer par les noms de lieux. Wazemmes - Guernesey : parcours du quartier populaire de Lille qui a donné son nom à l'auteur à l'île anglo-normande de Guernesey, où Victor Hugo avait choisi de s'exiler. On connaît le point A, on connaît le point B, mais on ignore l'itinéraire que va nous faire suivre Dimitri Vazemsky pour relier les deux lieux. C'est précisément cet itinéraire qui fait l'objet de Havre des pas et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'est pas le plus direct qui soit. C'est que, comme souvent avec pareil projet, l'intérêt de la démarche n'est pas tant dans son objectif affiché - Guernesey, Hauteville house, Hugo Victor - que dans le chemin qui y mène. Par la mer ou par la route qu'il s'agit bien entendu de "prendre", Dimitri Vazemsky nous fait transiter par la Big Apple, par les berges de la rivière Tolminka, par (la) Rue Barbet, par Paris, Villequier, Wissant, par l'Irlande chantée, par d'autres contrées toutes aussi pluvieuses et offrant elles aussi à l'auteur un point de rencontre avec la figure d'Hugo. Le chemin vers Guernesey fait encore étapes par Jersey, par Galway, par Gorey, par Barbey (alternative orthographique et évoquée comme telle du Barbet précédemment cité), par Annonay... et l'on devine que l'auteur a du déceler quelque sens caché derrière ces lieux rimants si bien avec le K-Way porté par plusieurs figurants de son récit.Car c'est le plus souvent ainsi qu'il avance, par à-coups du hasard, par libres associations de faits, d'idées, de mots : "Deux phrases, rapprochées, réunies par un jeu d'associations, arrimées, tenues, retenues, couplées par une sorte de lien secret / Un sens / Sans doute commun". Les chapitres succèdent ainsi aux chapitres de manière ludique, par relations accidentelles, de même que les différentes étapes du parcours suivi par l'auteur. Accidentelles pour le lecteur, pas pour l'auteur. Sauf à considérer que les séquences de notre existence succèdent les unes aux autres de manière purement arbitraire sans qu’il nous soit possible d’interférer sur notre destinée. Or, si le narrateur de Havre des pas ère effectivement au gré de considérations et de phénomènes arbitraires (nom de lieu ou de personne, phrase découverte au détour d’une lecture…), il n’en demeure pas moins que ce faisant il n’obéit en définitive qu’à lui-même. Ecrivain, Dimitri Vazemsky l'est entre autres choses. Artiste multimédia comme il est parfois décrit par facilité, il est bien plutôt artiste sans médium déterminé, la principale matière qu'il modèle à l'envie étant sa propre existence. Ce qu'il donne à voir et à lire, à l'instar du présent récit de voyage, est donc de l'ordre de la recension de l'expérience vécue. Soit ici le fait de partir se confronter à un lieu rêvé pour faire l'expérience de sa réalité et constater ce que celle-ci provoque en lui. "Mon rêve est là / A portée de doigts / Qu'en faire ? / Rien ! Rien de volontaire / Le reste suivra". Avec Hugo comme pré-texte et comme horizon. L'auteur est un joueur, il nous invite à participer avec lui à cette partie essentiellement littéraire : "C'est grâce à eux que je voyage... Grâce aux mots".De même que dans l'esprit du narrateur, l'itinéraire réel se superpose à celui des idées, sa propre déambulation vient à se confondre avec l'existence du poète exilé. Hugo est partout sous les pas de Dimitri Vazemsky mais ce n'est pourtant pas tant de lui dont il s'agit que de celui qui met ses pas dans les siens. L'itinéraire décrit vaut comme portrait en creux de celui qui le donne à lire. Aussi Havre des pas, malgré quelques adresses rhétoriques au lecteur, tient-il ouvertement du soliloque tant il est vrai qu'il s'agit là pour l’auteur d'un récit de voyage menant de soi à soi.De soi à soi en passant par le prisme des mots, de la lecture et de l'écriture. Car bien entendu, entre le vieil Hugo et Dimitri Vazemsky c'est aussi là que cela se joue : dans le choix des termes et de leur agencement, dans la capacité du langage à dire et faire le monde. A ce titre, le registre de Havre des pas est des plus riches. Son auteur se délecte des mots jusqu'à en jouer ("libre de mes mains. De mes demain"). L'amplitude du vocabulaire comme de la syntaxe aboutit à un style du foisonnement pourtant nullement ennemi d'une certaine simplicité dans la manière de s'adresser au lecteur. En forgeant une écriture de la virgule, de l'accumulation, Dimitri Vazemsky s'autorise à repousser sans cesse le moment du point. Il raccroche à l'infini les wagon-mots jusqu'à ce que le convoi de la phrase, enfin, soit complet ou tout au moins lui semble l'être suffisamment pour mener le lecteur à bon port. Il élabore ainsi patiemment, par touches successives, une prose de l'épuisement du propos parfaitement en adéquation avec son souci de complète circonscription du thème choisi. On lui sait gré de se montrer à même de mener à bien ce singulier projet littéraire et existentiel sans épuiser son lecteur.


12/06/11
Havre des pas
« L’exil est la vie. »Course poursuite ou course d’orientation à la recherche de Victor Hugo.Et à travers Hugo, d’autre chose ? La lecture est détours et méandres. Il n’y a qu’à suivre. Pour se perdre un peu. On ne sait pas qui est le je-écrivant. Alors petit à petit, on se prend au jeu et c’est nous qui voyageons sur les traces d’Hugo.Un livre de voyage par procuration sur les traces de la poésie, du hasard et de soi même.J’ai lu ce livre dans le cadre de l’opération « un éditeur se livre », de Libfly.

laurence
01/06/11
Havre des pas
Livre lu dans le cadre de l'opération " Un éditeur se livre".Un récit comme une errance, accompagné par Victor Hugo. Un texte sans numérotation de page, comme un voyage sans carte ni dessein. On se laisse plutôt porter par une très belle écriture, érudite mais pas prétentieuse, précise mais pleine d'humour aussi. On suit le narrateur dans son périple, étrange, froid et mouillé, dans son histoire pas très claire... Un très beau livre, dans sa facture, son format, son papier et surtout par son texte toujours très poétique, onirique parfois. Une très belle découverte. laurence

Catherine2
02/05/11
Havre des pas
Le narrateur est déprimé. Détective privé, il n'est sur aucune affaire et n'a pas d'inspiration pour écrire. Il a vu la maison de Victor Hugo à Guernesey en rêve et aimerait partir sur les traces de ce grand homme de la littérature mais il lui faut un déclic. Après le départ de sa secrétaire, Betty, pour Salt Lake City au chevet de sa mère mourante, il quitte enfin Wazemmes pour les îles anglo-normandes. Mais la pluie et une tempête le retiennent à Jersey ce qui le déprime encore plus : « Mon voyage patauge, immobile, mouillé ». Il a hâte d'arriver à Guernesey et de continuer son Havre des pas mais s'interroge : « Quel lecteur ? Qui lira cela ? Le doute s'immisce ». Et enfin : Guernesey ! En face du charmant hôtel où le narrateur loge : Hauteville House, la majestueuse maison de Victor Hugo. C'est parti pour la visite ! « Tout grouille de références. […] Tout est fixé. Intégré, arrêté. Tout a sa place, et tout se tient ». Après plusieurs visites, le narrateur a noté tant de choses qu'il a la réelle impression que Victor Hugo lui-même a laissé des indices à certains endroits exprès pour qu'il les découvre ! « Juste des thèmes, récurrents, la prison, l'exil, l'enfermement... ». « On ne doit jamais manquer de répéter à tout le monde les belles choses qu'on a lues. » Sei Shônagen in « Notes de chevet » - Lues mais aussi aimées, vues, entendues, etc. Havre des pas est un journal de voyage atypique et surprenant, des chapitres courts, de l'humour, et le lecteur entre aisément dans l'intimité du narrateur. Dimitri Vazemsky (pseudonyme), auteur et éditeur, est en plus un bon guide ! Attention : le style de l'auteur fait que le lecteur est toujours attentif, en alerte, avide du moindre détail, de la moindre observation. Du coup, la lecture devient un engrenage (plaisant !) qui conduit toujours plus loin, dans la lecture et dans le voyage, « un voyage de l'esprit » écrit l'auteur. [...] Catherine de La culture se partage

atos
20/04/11
Havre des pas
Une poésie en prose. Partir, rester, se laisser aller, rêver, revenir.Le voyage est là, la mer vous invite et vous entoure à la fois.Départ pour Guernesey.Partir, hésiter, renoncer, recommencer, reprendre l'élan, attendre, chercher les traces,trouver le rythme de son pas, ..... et les mots toujours qui viennent, les idées surgissent.Etape , voyage à la rencontre de Victor Hugo. Parcours intérieur tout en gymnopédies.Une magnifique écriture. Remontée hors du temps, saisir l'instant.Retour à Paris. Jardin du Luxembourg. Poser ses pas dans les siens.Le havre, le refuge.Merci à Libfly, aux Editions Nuit Myrtide, et, à l'auteur Dimitri Vazemsky pour ce partenariat "Un éditeur se livre". Astrid SHRIQUI GARAIN

AlexMotaMots
14/04/11
Havre des pas
Tout ce beau livre m'a mené de Paris à Guernesey, et un petit peu en Inde. Au fil des pages, au fil des pas, on découvre Hugo et une écriture exigeante ; à la fois très travaillée et comme écrite au rythme des pas. Un beau livre à cause du format carré "hors-norme", au papier épais et aux pages vierges de tous numéros. De belles marges et de beaux espaces de respiration pour une plume poétique. Alex-Mot-à-Mots

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